Parlons cuir !! (Partie I)

Je vous propose une petite revue de tous les types de cuir utilisés dans le métier de bottier. Avant cela, faisons un bref rappel des principales pièces de cuir dans tout soulier qui se respecte.

La première de montage : c’est la partie de la semelle interne au soulier, c’est sur celle-ci que se base tout le montage.
La tige : C’est tout se qui enrobe le pieds (sauf la semelle), ce terme regroupe donc tous les morceaux du souliers cousus ensembles.
La trépointe : c’est la bande de cuir cousue avec la première de montage pour fixer la tige. Elle est également parcourue par la couture petit point qui la relie à la semelle extérieure.
La semelle d’usure : c’est la semelle au contact du sol. Celle qui, comme son nom l’indique, s’use sur le pavé.

  1. Première de montage et trépointeLes deux sont coupés dans du collet. Il existe une petite variante dans laquelle la jonction arrière du soulier est faite avec un couche-point et non une trépointe : la trépointe est alors plus courte et un morceau de collet, taillé en forme (i.e. la pièce est déjà coupée selon la forme du soulier) est cloué sur la première de montage. Penchons nous à présent sur la provenance de ce cuir. Il s’agit de la partie haute de la peau du bovin, située juste en dessous du cou. J’y reviendrai juste après avoir présenté le croupon.
  2. semelle d’usureLa semelle d’usure est coupée dans un cuir résistant : le croupon. Ce cuir correspond à la partie basse de la peau de bovin, voici un schéma explicatif :CPL cuirs
    Quel est donc le procédé de tannage de la peau ?
    Pour le croupon, comme pour le collet, le tannage est végétal, c’est à dire que l’on utilise un tanin issu d’essences végétales (par opposition au tannage au chrome). Le cuir n’en est que plus ferme et plus résistant. Dans un premier temps, on sépare la peau de l’animal et on la sale pour la conserver. L’épilage-pelanage, l’écharnage et le déchaulage permettent d’enlever les poils et le reste de graisse de la peausserie. Ces trois étapes forment le « travail de rivière » (ils utilisent des bassins d’où le nom).Dans un deuxième temps, la peau est tannée : elle est placée en fosse avec le tanin. Ici, elle macère pendant plusieurs mois. Autrefois, il était obligatoire de laisser les peaux au moins un an (le tanin provenait alors du chêne), aujourd’hui, on arrive à obtenir un résultat similaire en utilisant d’autres essences (comme le mimosa) MAIS, bien que le produit est fini, la solidité n’est plus la même. Ainsi, bon nombre de cuirs ne restent en fosse que quelques mois et peu nombreuses sont les maisons proposant encore des cuirs avec une période de mise en fosse d’un ans ou plus (Garat ou Redenbach sont les plus connus, leur croupon est excellent) : ce qui explique par ailleurs pourquoi il devient impératif pour préserver sa semelle de poser des patins sur tous les souliers d’entrée de gamme, le croupon utilisé n’est souvent resté que 4 mois en fosse.Enfin, les peaux sont essorées puis séchées de façon à ce qu’elles s’étendent encore (elles sont suspendues). Diverses étapes de finitions rentrent alors en jeu pour obtenir le produit fini : le marteau à battre est spécialement utilisé pour les cuirs à semelle pour rendre le cuir encore plus résistant. Il est alors près pour la découpe.

Nous parlerons dans un prochain article des différents cuirs utilisés pour la tige, leurs caractéristiques et leur provenance.

A.B.

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