Le terme Brogue désigne un type de soulier très anglais : un richelieu à bout golf perforé de toute part. Ce mot signifiant « accent » semble n’avoir aucun rapport avec la chaussure et pourtant … Les Brogues étaient des souliers marrons utilisés dans la campagne anglaise par les paysans pour marcher et parcourir leurs terres. Les perforations permettaient une meilleure évacuation de l’eau après les traversées boueuses. On peut aisément supposer que le milieu citadin anglais a donné ce nom à ces souliers à cause de l’accent peut être très marqué de leurs utilisateurs.
Ce type de soulier a peu à peu quitté la campagne pour rejoindre nos villes, il est aujourd’hui courant de croiser un homme chaussé de Brogues avec son costume. Church’s a largement contribué à rependre ces modèles faisant des Brogues le noyau de sa collection.
Néanmoins, cette utilisation plus habillée a aussi fait naître de petits frères, le half-brogue qui ne possède qu’une partie des perforations et aussi l’austerity brogue, qui a un même patronage mais aucune perforation. Ce dernier est alors même très formel lorsqu’il est noir, simplement habillé de son bout golf.
J’ai réalisé récemment une paire d’austerity, le client a même demandé une lisse ronde avec cambrion Y, on quitte alors complètement la campagne et comme disait un célèbre bottier « on peut croiser les jambes dans un salon »…
Voici donc plusieurs clichés illustrant le travail d’un austerity brogue.
Dans les légendes de ces photographies, j’ai utilisés plusieurs termes propres à l’univers bottier. Voici leur définitions.
- La carre : sur la forme, c’est la ligne de jonction entre le dessous de la forme et le dessus. On cherche à ce qu’elle soit le mieux marquée ensuite sur le soulier pour faciliter la couture trépointe.
- Emboîtage : c’est la partie arrière du soulier dans laquelle le talon « s’emboîte »
- Lisse ronde : Façon de finir les côté de la semelle, souvent présente en cambrure pour les souliers hommes. Pour un exposé détaillé, c’est ici.
- Talon collant : ou talon anglais, en opposition au talon baraquette pour lequel la couture petit point fait le tour de l’emboîtage, le talon collant prolonge la ligne du soulier.
- Déforme : Sorte de cire liquide que l’on applique après la teinture sur les lisses, le talon et la semelle pour avoir de belles finitions.
- Roulette de 11 : La roulette marque point permet de donner un repère lors de la couture petit point. Elle est dite de 11 lorsqu’elle marque 11 points pour 1 pouce (2,5 cm).
- Astuce pour l’étanchéité : C’est en fait un fin biseau de cuir qui est collé derrière la couture trépointe pour renforcer l’étanchéité mais surtout pour faciliter la tâche du cordonnier qui ressemellera cette paire : en effet le liège du rempli est parfois difficile à gratter dans les angles, avec ce biseau, il suffira de tirer dessus pour que le liège s’en aille.
En espérant que cette paire vous aura plus, je vais essayer peu à peu d’être plus explicatif dans les reportages, les définitions de vocabulaire vont dans ce sens.
N’hésitez pas à dire ce que vous pensez de ce modèle en commentaire …
Petit bonus : une photo de l’établi bien rangé !
Plusieurs souliers plus techniques sont en cours de fabrication !
Antoine
Victor Habebis 
Quelles merveilles
Bravo Antoine pour ce site magnifique,pour toutes ces explications à la fois professionnelles et toutefois mis à notre portée.
J’ai appris beaucoup de choses.
Tu fais un travail exceptionnel et d’une grande beauté.
Quelle pureté.
On a l’impression que tu vas chaque fois à l’essentiel.
De véritables oeuvres d’art
Tu as choisis un métier d’exception
Je te souhaite le meilleur pour les résultats de ton concours
Tiens nous au courant
Je t’embrasse
Frédérique Laillet Bernard
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